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vapeur, racontant leur voyage à ceux des autres bandes, qui, à leur tour, disaient ce qui leur était advenu ; récits ardents et sonores ; un bruit de voix sans pareil. Nulle autre chose ne valait la peine d’être dite ; en dehors de leur cercle, évidemment, ils ne se souciaient de rien.

Toutefois, à notre arrivée, les langues s’arrêtèrent. Les chefs, ainsi que les guides, vinrent m’appeler leur maître et me saluer comme ami. L’un d’eux, le fidèle Barati, se jeta à mes pieds ; les autres déchargèrent leurs mousquets ; la frénésie devint générale, et un cri de bienvenue s’éleva de toutes parts.

« Veuillez entrer, me dit Ben Sélim ; cette demeure est la vôtre. Voici le quartier de vos hommes ; voici les magasins, la prison, la cuisine. Ici vous recevrez les Arabes. Cet appartement est celui de votre compagnon. Cet autre est pour vous : chambre à coucher, salle de bain, soute aux poudres, arsenal, etc. »

Très-confortable, sur l’honneur, cette maison africaine. Elle eût fait vibrer notre corde poétique, si nous avions eu le temps d’avoir de ces transports ambitieux ; mais, pour le quart d’heure, il fallait serrer les marchandises et solder les pagazis, dont l’engagement expirait.

Bombay reçut l’ordre d’ouvrir le magasin, fermé d’une porte solide. Les balles d’étoffe furent mises en lignes régulières, celles de verroterie sur plusieurs rangs, et le fil métallique dans un endroit séparé. La toile, les bateaux et les caisses furent placés hors de l’atteinte des fourmis blanches ; enfin, la poudre et les munitions, dans la pièce qui devait les recevoir, à l’abri de tout danger.

Un dernier ballot fut ouvert ; et chaque porteur, payé selon ses mérites, le fut de telle sorte que, rentré chez lui, il pût dire à sa famille et à ses voisins, combien le Mousoungou agissait mieux que les Arabes.

Tout cela pour la bande que j’avais dirigée moi-même. Vinrent après, les chefs des trois autres caravanes, qui nous rendirent leurs comptes, chacun séparément, et qui nous firent ensuite leurs rapports sur les événements de la route.

La première de ces bandes, ainsi que nous l’avaient dit les gens de Kiriroumo, avait pris part à la guerre qui se faisait alors dans le district de Djihoué la Singa : cette part avait été glorieuse, et la bande arrivait sans perte d’aucun genre.

La seconde caravane avait tué un voleur dans la forêt qui est entre Pembira Péreh et Kididimo. La quatrième avait perdu un