l’avons dit plus haut, sont de bons agriculteurs, des hommes industrieux et laborieux entre tous. Ils ont pour armes des lances légères, des masses d’armes, des arcs et des flèches. Leurs tembés sont fortement établis, et prouvent chez leurs auteurs une grande habileté dans l’art des constructions militaires. Les estocades sont tellement bien faites, qu’il faudrait employer le canon pour entrer dans le village qu’elles entourent, si peu que celui-ci fût défendu.
Les Vouakimbou sont également très-habiles dans la confection des trappes qu’ils établissent pour prendre les éléphants et les buffles, et où se trouve quelquefois un lion ou un léopard.
En quittant le Magounda-Mkali, nous sommes entrés dans l’Ounyamouézi, la Terre de la Lune des anciens auteurs, et où nous reprenons la suite de notre voyage.
La première moitié est la plus sauvage, et l’on rapporte que, même en cet endroit, des hameaux de Vouakimbou s’élèvent rapidement, au nord et au sud de la route.
En somme, le voyageur n’a guère maintenant à redouter dans cette plaine ardente que la fatigue des trois premières marches. » (Voyage aux grands lacs, p. 245).
En 1871 les pagazis de Stanley traversaient le Magounda-Mkali en chantant, et poussaient des cris de joie sur cette terre que leurs prédécesseurs avaient maudite.
Ils y trouvaient l’abondance, et leur chef a pu écrire que « cette province ne le cède en fertilité qu’aux vallées de la région maritime. »
Il a suffi pour cela qu’une race paisible et laborieuse s’établit dans ces champs embrasés.
L’Ougogo, « riche en lait et en miel, en farine, en viande et en légumes, » n’est lui-même qu’un sol aride, un coin du désert transformé par la culture.
Quel encouragement dans ces faits !
Pas de terre ingrate pour les persévérants ; et la transformation est rapide.
Lorsque les Mormons arrivèrent dans l’Utah (1847), l’eau douce manquait presque partout ; il fallut amener celle des montagnes pour irriguer les terres, « après les avoir débarrassées de la couche saline dont elles étaient couvertes. » (Remy.)
En 1860, dans la ville qu’on avait fondée sur ce terrain, ou le sel avait été semé, le pain de froment, les légumes, le lait et le beurre n’étaient pas chers ; le veau y coûtait 5 sous la livre, et un canard 27 sous.
Chaque maison avait son jardin ou se voyaient les fleurs et les fruits d’Europe : jusqu’à cent variétés de pommes.
La pluie, qui ne tombait naguère que pendant quelques jours, au printemps ou à l’automne, et en faible
quantité, se prolongeait alors jusqu’en juin.
Dès 1855, les sauniers établis près du lac disaient à M. Remy que la nappe d’eau avait monté de sept pieds depuis trois ans ; que d’abord ils en retiraient un tiers de sel, tandis qu’à présent ils n’en obtenaient guère plus d’un quart.
Y a-t-il une utopie plus incroyable que ces réalités ?
Gloire donc et gratitude aux travailleurs quels qu’ils soient, blancs, noirs ou jaunes, à ceux qui font naître la joie où était la douleur, l’abondance où était la famine ; et qui, en guérissant la terre de ses maux — le désert est une lèpre — équilibrent ses forces et nous préparent des jours plus tranquilles : saisons propices et récoltes assurées. (Note du traducteur.)