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songhi jusqu’au Mpouapoua. Kanyaparou, chef des environs de Kounyo, ensemençait autrefois un quart du Marenga Mkali ; maintenant il se borne à cultiver le haut de ses collines, où le retient la crainte des maraudeurs de l’Ouhéhé.

Dans l’est il est difficile de distinguer les Vouasagara des Vouaségouhha. Plus loin les signes caractéristiques se produisent et deviennent de plus en plus marqués. Ce fut dans les villages du Mpouapoua qu’ils nous apparurent d’abord. Là nous avons trouvé, pour la première fois, les cheveux divisés en petites mèches, longues et bouclées, ornées de petites pendeloques de cuivre et de laiton, de balles, de rangs de perles minuscules, de picés brillants, menue monnaie de Zanzibar, valant un peu moins de cinq centimes.

Un jeune Msagara fardé d’une légère teinte d’ocre rouge, ayant sur le front une rangée de quatre ou cinq piécettes de cuivre, à chaque oreille une petite gourde, passée dans le lobe distendu, coiffé de mille tire-bouchons bien graissés et pailletés de cuivre jaune, la tête rejetée en arrière, la poitrine large et portée en avant, des bras musculeux, des jambes bien proportionnées, représente le beau-idéal de l’Africain de ces parages.

Outre les deux petites gourdes qu’il a aux oreilles, et qui renferment sa menue provision de tabac et de chaux, — celle-ci obtenue par la cuisson de coquilles terrestres, — notre élégant porte une quantité de joyaux primitifs qui lui pendent sur la poitrine ou qui lui entourent le cou ; par exemple de petits morceaux de bois sculptés, deux ou trois cauris d’un blanc de neige, une petite corne de chèvre, ou quelque médecine (lisez talisman) consacrée par le mganga de la tribu, une dizaine de rangs de perles rouges ou blanches, un collier de picés ou deux ou trois soungomazzi, grains de verre de la taille d’un œuf de pigeon, et quelquefois une chaîne en fil de cuivre, pareille aux chaînes de montre à bas prix, qu’il reçoit des Arabes en payement de ses poulets et de ses chèvres, ou qu’il a fabriquée lui-même.

Les enfants sont complètement nus ; plus tard ils se mettent une peau de chèvre ou de mouton. Les adultes ont des jupettes et des draperies d’étoffe, calicot écru ou cotonnade bleu foncé, faite dans l’Inde, soit unie, soit à bordure rouge. Cette dernière variété, qui est le barsati, jouit d’une grande faveur dans l’Ousagara. Les chefs portent le bonnet des dihouans de la Mrima, ou le arboush des Arabes. Enfin, dans les deux sexes, le front, la poitrine et les bras sont tatoués.