Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

région aride, dont une portion forme l’extrémité nord du bassin du Roufidji.

Le lecteur se demande peut-être où nous voulons en venir avec ces ennuyeux détails.

Patience ! nous y voilà. En jetant les yeux sur la carte, on comprendra pourquoi j’ai parlé de toutes ces rivières, et pourquoi je m’arrête à les décrire.

Le Vouami, qui est formé d’un certain nombre d’entre elles, serait navigable pour des bateaux à vapeur ne tirant pas plus de deux ou trois pieds d’eau, et se remonterait aisément jusqu’à Mboumi, sur une longueur de deux cents milles. Les obstacles qu’il opposerait à la navigation, tels que les mangliers, dont les branches, largement étendues, s’enlacent en différents endroits, surtout près de la résidence de Kigongo, seraient détruits sans beaucoup de peine.

Or, le village de Mboumi est à moins de deux milles du pied de la chaîne de l’Ousagara, qui est le sanatorium de cette région ; et avec un steamer on irait de Vhouindè à Mboumi en quatre jours.

Désire-t-on que l’Afrique se civilise ? Veut-on mettre le commerce en relations directes avec l’Ousagara, l’Ouségouhha, l’Oukoutou, l’Ouhéhé ? Veut-on se procurer facilement l’ivoire, le sucre, le coton, l’orseille, l’indigo, les céréales de ces provinces ? Le Vouami peut en donner le moyen.

Quatre jours de navigation conduiraient le missionnaire dans un pays salubre, où il jouirait des biens de la vie en pleine sécurité, au milieu d’une population douce, et entouré des scènes les plus pittoresques, les plus poétiques. Là se rencontrent la verdure la plus vive, les eaux les plus limpides, les terres les plus fécondes ; des champs couverts de grain, des forêts de tamariniers, de mimosas, de msandarousi (l’arbre au copal[1]). Là prospèrent le mvoulé géant, le magnifique palmier, le mparamousi[2] majestueux ; une végétation comme on n’en voit que sous les tropiques. Excepté les plaisirs de la vie civilisée, rien de ce que peut désirer l’homme ne manque en cet endroit, et le missionnaire y trouverait, avec la santé et l’abondance, un peuple tout disposé à le bien recevoir.

À partir de Kadélamaré, une vingtaine de missions pourraient s’établir dans des sites admirables, traversés par des brises vivifiantes, arrosés par une eau abondante et pure, dans un pays que

  1. Trachylobium.
  2. Taxus elongatus.