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sagara, et qui est formée de la partie nord du Marenga Mkhali, de tout l’Ougogo, du midi de l’Ouhoumba[1], de l’Ihangé et du Mbogoué, n’a pas une seule rivière. L’eau pluviale y est reçue par des étangs peu profonds et plus ou moins considérables, dont l’intérieur du pays est parsemé. Pendant la saison sèche, l’eau de ces bassins est aspirée par les vents fixes du nord-est, qui la transportent dans les grands lacs, tels que le Victoria N’Yanza, d’où elle s’écoule par le Nil[2].

Après cette évaporation, de larges terrains qu’elle a mis à découvert montrent leur surface incrustée de sel et de nitrate de soude. Les salines qui, d’après les indigènes, se voient à l’ouest du Tchaga, dans le district d’Angarouka, les lagunes saumâtres de Balibali, situées ou couchant de Kikoui, et celles que j’ai vues moi-même au nord de Mizanza, sont dues probablement à la même cause[3].

Au delà du territoire des Vouagogo, les seuls cours d’eau qui méritent d’être cités sont le Mdabourou et le Maboungourou, dont le chenal se dirige au midi, et rejoint le Kisigo à un degré environ au sud de Kihouyeh. Nous avons vu que pendant la saison sèche, à l’endroit où nous l’avons passé, le Maboungourou n’a plus d’eau qu’au fond de grandes auges, abritées par la végétation qu’elles entretiennent.

Le Kisigo va tomber dans le Roufidji ; c’est, dit-on, une rivière importante. D’après les gens de Kihouyeh, auxquels nous devons ces renseignements, le Kisigo est rapide et fréquenté par un grand nombre d’hippopotames et de crocodiles.

En somme, la route que nous avons suivie, pour aller de Bagamoyo à l’Ounyanyembé, traverse ; 1° le bassin du Kingani, 2° celui du Vouami ; 3° la ligne de partage de ce bassin ; 4° la

  1. Cette province s’appelle également Ounnsaï.
  2. Il y a ici une erreur évidente, sans doute une faute d’impression. La région dont parle l’auteur a sa limite septentrionale par deux degrés environ au sud du Victoria N’Yanza ; elle est en outre à l’orient de ce grand lac. Il est donc impossible que le vent du nord-est puisse en transporter les eaux dans les réservoirs du Nil. C’est au contraire, d’après Burton, ce vent-là qui amène la pluie dans l’Ougogo, en se chargeant des vapeurs du N’Yanza ; et pour cela il faut nécessairement qu’il ait viré au nord-ouest, (Note du traducteur.)
  3. On peut, dit Burton, expliquer ces dépôts salins et nitreux par la décomposition de l’air, ainsi que l’a fait Barrow pour ceux du midi de l’Afrique. Barrow suppose, d’après les expériences de Humboldt, que les terres fortement argileuses s’emparent de l’oxygène de l’atmosphère, et que l’azote, mis en liberté par cette soustraction, va se combiner avec l’oxygène de la couche supérieure. Il se formerait alors de l’acide nitrique, d’où la présence du salpêtre dans les terrains en question. (Journal of the Royal Geographical Society. London, 1859). (Note du traducteur.)