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Partis le 18 avec la caravane d’Hamed et celle d’Hassan, nous arrivâmes au Toura-Perro ou Toura-Occidental, après avoir zigzagué pendant une heure à travers des champs de sorgho ; puis nous rentrâmes dans la forêt où les Vouakimbou vont chercher leur miel et trapper les éléphants, qui, parait-il, y sont fort nombreux. C’est au moyen de fosses profondes, recouvertes de fascines, de terre et d’herbe qu’ils prennent ces animaux.

Une heure de marche, à partir du Toura-Occidental, nous fit gagner un étang près duquel nous nous reposâmes. Il y en avait un autre à côté. Les deux pièces d’eau se trouvaient au milieu d’une petite plaine, qui, malgré la saison sèche, alors très-avancée, était encore humide de l’inondation précédente.

Après un repos de trois heures, la caravane se remit en marche pour une tirikéza.

C’était toujours la même forêt que depuis le Toura-Occidental ; la route s’y continue jusqu’à un mtoni appelé Kouala, et que Burton a marqué, à tort, sur sa carte sous le nom de Kouale[1]. Ce lit de torrent, large et tortueux, renferme de grandes auges dont les profondeurs avaient encore de l’eau, et où nous trouvâmes une espèce de loche, qui n’est nullement à mépriser lorsqu’il y a trois mois qu’on n’a mangé de poisson. Toutefois il est probable que si j’avais pu choisir, ayant le goût assez fin quand l’occasion le permet, j’aurais pris autre chose que de la loche de bourbier.

La distance du Toura-Occidental au Kouala, est de dix-sept milles et demi, ce qui n’est pas énorme lorsqu’on ne fait cette route qu’une fois par quinzaine ; mais lorsqu’elle se représente au moins tous les deux jours, elle devient excessivement longue. Dans tous les cas, c’était l’opinion de mes gens, et les murmures éclatèrent lorsque le lendemain j’ordonnai de se mettre en marche.

Abdoul, le tailleur, qui s’était loué comme sachant tout faire, depuis le racommodage d’un pantalon, jusqu’à un entremets délicat ou une chasse à l’éléphant, mais qui jusqu’alors ne s’était montré capable que de boire et de manger, n’en pouvait plus. Les mar-

  1. Il est très-difficile de reconnaître le véritable nom des lieux, des personnes ou des objets étrangers d’après l’orthographe anglaise, dont les voyelles n’ont pas un son unique. Ainsi la lettre a se prononce tantôt a tantôt é, cette dernière lettre, ayant en anglais, le son de l’i français. Il est donc possible que M. Stanley ait prononce Konalé en écrivant Kouala, et qu’il ait prêté au Koualé de Burton le son de Kouali. Mais Burton ayant annoncé que, pour les noms propres, il donnerait à ses voyelles le son qu’elles prennent en italien (malheureusement il ne l’a pas toujours fait}, ce n’est pas Kouali, mais Koualé qu’il faudrait lire sur sa carte, et dans ce cas les deux voyageurs seraient d’accord. Note du traducteur