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Entre Ngaraiso et Kousourî se trouve Kirouroumo, bourgade actuellement en voie de prospérité, et qu’avoisinent de nombreux villages, également prospères. Comme nous passions, les gens de Kirouroumo vinrent saluer le Mousoungou, dont les caravanes avaient célébré la richesse ; et ils m’apprirent que les soldats de ma première bande les avaient aidés à gagner une bataille contre leurs frères ennemis de Djihoué la Mkoa.

Un peu plus loin, nous avions traversé un vaste khambi, où Sultan ben Mohammed, un Omani de haute naissance, était alors campé. Dès qu’il avait été instruit de mon approche, Ben Mohammed était venu à ma rencontre et m’avait invité à lui faire une visite. Sa tente lui servant de harem, je n’y avais pas été reçu ; mais un tapis avait été disposé au dehors à mon intention.

Après les questions d’usage, questions sur ma santé, sur la route, sur Zanzibar et sur l’Oman, l’Arabe m’avait demandé si j’avais beaucoup d’étoffe. C’est une question que font souvent les chefs de caravanes descendantes, par le motif que, dans leur avidité pour l’ivoire, ils se laissent entraîner à des achats trop importants, et n’ont plus assez de cotonnade pour le retour. Comme il ne me restait plus qu’un des ballots de ceux que j’avais destines à payer mes frais de route, je pus sans rougir répondre négativement.

Quelques minutes après, le cheik Hamed fut annoncé, et parut en saluant jusqu’à terre. Il prétendit baiser les mains du grand Omani, et témoigna dans son keifalek (comment vous portez-vous ?) de l’anxieux désir qu’il avait de savoir si le noble Sultan ben Mohammed « allait tout à fait, tout à fait bien ? »

Pendant cinq minutes, les deux Arabes échangèrent les questions les plus pressantes relativement à leurs santés et à leur voyage. Il y eut une pause, afin de reprendre haleine ; puis cette

    tion ne doit pas en souffrir, les Arabes, et les plus civilisés des gens qui parlent cet idiome, emploient la lettre r de préférence. Par contre les esclaves et les nègres de l’intérieur qui préfèrent un l, et paraissent tellement épris de cette dernière lettre qu’ils l’emploient ad libitum au commencement et au milieu des mots.
    xxxx Si les Arabes, d’ailleurs, altèrent les noms du pays, les indigènes ne modifient pas moins les noms arabes. D’après Burton leurs organes ne supportent pas qu’un mot finisse par une consonne ; il leur faut une voyelle finale à tous les noms, et l’accent sur la pénultième ; c’est ainsi que d’Aboubekr, ils ont fait Békhari ; de Khamis Khamaisi ; d’Usman, Tani ; de Nasib, Shiba. Ils en sont arrivés à remplacer ibn (fils de — ) par Voua préfixe indiquant la possession ; Khamis bin Usman, devient alors Khamisi Voua Tani. (Pour plus de détails voir The Journal of the Royal geographical Society, vol. XXIX, pages 43 et 95 London 1859) (Note du traducteur.)
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