les pagazis d’Hamed signifièrent à leur maître que si la décision était maintenue, ils s’en iraient, et lui laisseraient porter ses bagages.
Hamed alla trouver immédiatement Thani, et lui déclara qu’il fallait prendre la route de Kiouhyeh, sans quoi nos porteurs déserteraient. « Toutes les routes me sont égales, répondit le bon Arabe ; prenez celles que vous voudrez ; la vôtre sera la mienne. » Ils se rendirent alors dans ma tente et m’informèrent de cette nouvelle détermination.
Je fis appeler mon vétéran, celui qui avait indiqué la route centrale, et je lui demandai de nouveaux détails. Le rapport fut si avantageux, que, sans hésiter, je répondis à Hamed : « Je suis le maître de ma caravane ; elle doit aller où je dis au guide de la conduire, et non pas où il plaît aux pagazis. Quand j’ordonne une halte, elle doit s’arrêter ; quand c’est une marche, elle doit partir. Je la nourris bien, je ne la surmène pas ; et je voudrais voir le porteur ou le soldat qui me désobéirait. C’est vous qui avez choisi la route de Simbo, nous l’avons acceptée ; vos pagazis veulent passer par Kiouhyeh ; cela vous arrange, allez à Kiouhyeh, et payez le tribut qu’on vous demandera. Moi et ma caravane nous partons demain par la route de Kiti ; et lorsque vous arriverez à Toura, où je vous aurai précédé, vous regretterez de n’avoir pas suivi le même chemin.
Ce langage modifia de nouveau la résolution d’Hamed. « Après tout, dit-il, ce chemin est le meilleur ; et puisque le sahib est décidé à le prendre, pourquoi nous séparer ? Inch Allah ! suivons donc la même route. » Thani, l’excellent homme, ne demandait pas mieux ; et mes deux cheiks allèrent annoncer la nouvelle.
Le lendemain, 7 juin, les trois caravanes prirent la route de Kiti sous la conduite du Kirangozi d’Hamed. Chacun avait l’air content ; mais nous n’étions pas en route depuis une demi-heure, quand je m’aperçus d’un changement de direction : par un détour habile on nous rapprochait rapidement d’une gorge qui débouchait sur le plateau de Kiouhyeh.
Je réunis mes hommes et je priai Bombay de leur dire que le Mousoungou ne revenait jamais sur ce qu’il avait résolu. Que j’avais décidé que ma caravane se rendrait à Kiti ; et que ma caravane s’y rendrait, quelle que fût la route que prissent les Arabes. Puis j’ordonnai au vétéran qui connaissait le chemin, de le montrer au Kirangozi.
Mes porteurs déposèrent leurs ballots et il y eut des symptômes