Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

préssé par l’énorme tâche qui se dressait devant moi, je devais paraître n’avoir d’autre but que celui de me rendre en Égypte.

King m’accompagna jusqu’à la gare du chemin de fer de Marseille ; puis nous nous séparâmes ; lui, pour aller lire les journaux chez Bowles ; moi, pour gagner la côte d’Afrique ; et après cela — qui pouvait le savoir ?

Je remontai le Nil, et vis à Philæ M. Higginbotham, mécanicien en chef de l’expédition de Baker. Pendant que j’étais là, un Français, un jeune fou, blessé d’avoir été pris pour un Égyptien par M. Higginbotham, en raison du fez dont il était coiffé, résolut de se battre au pistolet, afin de laver cette injure. Je parvins à empêcher ce duel, et je continuai ma route.

À Jérusalem, j’eus un entretien avec le capitaine Warren ; je descendis dans l’une des fosses qu’il a fait creuser, et j’y vis les marques des ouvriers de Tyr sur les fondations du temple de Salomon.

Je visitai les mosquées de Stamboul avec le ministre résident et le consul des États-Unis. Je parcourus la Crimée et ses champs de bataille, tenant à la main l’excellent ouvrage de Kinglake. Je vis Palgrave à Trébizonde ; à Tiflis, le baron Nicolay, gouverneur civil du Caucase. Je logeai à Téhéran chez l’ambassadeur russe ; et, après avoir reçu, dans toute la Perse, le meilleur accueil des gentlemen de la Compagnie du télégraphe indo-européen, après avoir écrit mon nom sur l’un des monuments de Persépolis, j’arrivai dans l’Inde au mois d’août 1870.

Le 12 octobre, je m’embarquai à Bombay sur la Polly, mauvaise voilière, qui mit trente-sept jours à gagner l’île Maurice. La Polly avait pour contre-maître un Écossais, natif de Leith, appelé William Lawrence Farquhar. C’était un excellent marin ; et, pensant qu’il pourrait m’être utile, je l’engageai pour toute la durée de l’expédition. Il ne devait recevoir d’émoluments qu’à partir du jour où nous prendrions terre sur la côte d’Afrique.

De Maurice à Zanzibar, il n’existe pas de communication directe ; il fallut aller aux Seychelles. Quatre jours après mon arrivée à Mahé, la plus importante des îles de ce groupe, j’eus la chance de trouver passage sur un baleinier américain ; et le 6 janvier 1871, j’abordai à Zanzibar avec Farquhar et Sélim, jeune Arabe chrétien que j’avais pris à Jérusalem en qualité d’interprète.

Je ne dis rien de ce long itinéraire, le livre qu’on va lire n’étant que le récit de ma recherche de Livingstone. C’est, je l’avoue, un simple compte rendu, fait à vol d’oiseau. Quelques-