Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’argent à New-York pour acheter l’Herald. Mon père en a fait un grand journal ; je veux l’agrandir encore. J’entends que ce soit un news-paper (papier-nouvelles) dans toute la force du terme. Je veux lui faire publier tout ce qui, à n’importe quel titre, peut intéresser le monde ; et cela à n’importe quel prix.

— Dès lors, je n’ai plus rien à dire. Dois-je aller directement à la recherche de Livingstone ?

— Non ; vous assisterez à l’inauguration du canal de Suez. De là, vous remonterez le Nil ; j’ai entendu dire que Baker allait partir pour la Haute-Égypte ; informez-vous le plus possible de son expédition. En remontant le fleuve, vous décrirez tout ce qu’il y a d’intéressant pour les touristes, et vous nous ferez un guide, — un guide pratique ; — vous direz tout ce qui mérite d’être vu et de quelle manière on peut le voir.

« Vous ferez bien, après cela, d’aller à Jérusalem ; le capitaine Warren fait, dit-on, là-bas des découvertes importantes ; puis à Constantinople, où vous vous renseignerez sur les dissentiments qui existent entre le khédive et le sultan.

« Après — voyons un peu. — vous passerez par la Crimée et vous visiterez ses champs de bataille ; puis vous suivrez le Caucase jusqu’à la mer Caspienne ; on dit qu’il y a là une expédition russe en partance pour Khiva. Ensuite vous gagnerez l’Inde, en traversant la Perse ; vous pourrez écrire de Persépolis une lettre intéressante. Bagdad sera sur votre passage ; adressez-nous quelque chose sur le chemin de fer de la vallée de l’Euphrate ; et quand vous serez dans l’Inde, embarquez-vous pour rejoindre Livingstone. À cette époque vous apprendrez probablement qu’il est en route pour Zanzibar ; sinon, allez dans l’intérieur, et cherchez-le jusqu’à ce que vous l’ayez trouvé. Informez-vous de ses découvertes. Enfin, s’il est mort, rapportez-en des preuves certaines. Maintenant bonsoir ; et que Dieu soit avec vous.

— Bonsoir, monsieur. Tout ce que l’humaine nature a le pouvoir de faire, je le ferai, ajoutai-je ; et, dans la mission que je vais accomplir, que Dieu soit avec moi. »

Je demeurai avec Édouard King, celui qui, maintenant, se fait un si beau nom dans la Nouvelle-Angleterre. C’était justement l’homme qui aurait appris avec le plus de joie l’action de M. Bennett, et le mandat que j’avais reçu, ravi qu’il aurait été d’en instruire le journal dont il était le correspondant. Moi-même j’aurais été heureux de lui parler de mon voyage et d’en discuter avec lui les éventualités ; mais je n’osais pas le faire. Bien qu’op-