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CHAPITRE VII

Du Marenga Mkbali à Kouihara.


Le 22 mai toutes nos caravanes, celle de Thani, celle d’Hamed, les cinq ou six autres et la mienne, se réunissaient à Kounyo, station qui est à trois heures et demie de celle de Mpouapoua. Nous avions, pendant cette marche, côtoyé les montagnes, et franchi trois ou quatre éperons de la chaîne, qui s’avancent en travers de la route. La dernière de ces projections est rejointe par un chaînon transversal d’une assez grande hauteur. Bâti en cet endroit, et protégé par ce double abri, le village de Kounyo ne sent rien des rafales qui tombent des pentes voisines ; mais l’eau y est exécrable ; c’est à elle que la plaine déserte, qui sépare l’Ousagara de l’Ougogo, doit le nom de Marenga Mkhali, c’est-à-dire eau amère.

Malgré son horrible goût, les Arabes, ainsi que les indigènes, boivent sans crainte ce liquide nitreux et n’en souffrent pas ; mais ils le redoutent pour leurs ânes qu’ils ont grand soin d’en éloigner. Ne sachant pas cela, ignorant même où commençait exactement la plaine de l’eau mauvaise, je laissai conduire mes bêtes à l’abreuvoir, comme on faisait toujours à la fin d’une marche, et le résultat fut désastreux : celles qu’avait épargnées l’affreux marais de la Makata furent tuées par les citernes de Kounyo.

Peu de jours après, j’avais perdu cinq de mes ânes, les cinq meilleurs ; il ne m’en restait plus que quatre, dont pas un bien portant.

L’eau de cet endroit parait causer une rétention d’urine ; ce fut du moins cette maladie qui enleva trois de nos pauvres bêtes.

Notre caravane, à la sortie de Kounyo, était réellement imposante : près de quatre cents hommes, beaucoup de fusils, des drapeaux, des tambours, des trompes, des cris et des chants, un bruit effroyable.

La bande était conduite par le Cheik Hamed, qui avait reçu de