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pisie ? À moins que ce ne fût l’éléphantiasis, si fréquent à Zanzibar[1]. Comment d’ailleurs traiter un homme qui ne peut pas vous dire s’il a mal dans la tête ou dans le dos, aux pieds ou à la poitrine ?

Ne sachant que faire, et la maladie n’exigeant pas des soins immédiats, je m’occupai de résoudre le problème contenu dans la lettre que j’avais reçue à Réhennéko. Mais si peu intelligible que fut cette dernière, les informations verbales que me donna son auteur furent dix fois plus énigmatiques. Pas un fil de cette histoire qui pût se démêler de façon à satisfaire un esprit droit. Ce qu’il avait fait et ce qu’il n’avait pas fait, ce qu’il n’avait plus et ce qu’il avait encore, s’embrouillaient tellement, qu’à vouloir mettre de l’ordre dans ce chaos, je sentais ma raison m’échapper. La seule manière d’en finir était d’examiner ce qui restait, de prendre mes comptes et de faire la soustraction.

On se rappelle qu’avant de partir, chacune de mes caravanes avait reçu la cotonnade et la verroterie nécessaires pour se nourrir pendant quatre mois, indépendamment de l’étoffe qui devait servir à payer le tribut, et de celle qui était due aux pagazis.

La bande de Farquhar n’avait pas reçu moins que les autres ; au contraire : elle avait été favorisée, en considération de l’Européen qui la commandait. Elle se composait, au départ, de vingt-trois hommes et de dix ânes, qui, pour les frais de nourriture, emportaient cent vingt dotis de cotonnade et trente-cinq livres de perles diverses. Comme il y a deux cent quarante choukkas dans cent vingt dotis, et que pour une choukka on a vingt-cinq koubabas de grain, dont chacune forme la ration quotidienne d’un homme[2], les deux cent quarante choukkas devaient fournir du grain à la caravane pendant huit mois. Mais le voyage, jusqu’à l’Ounyanyembé n’étant pas de cent vingt jours, plus de la moitié des choukkas était laissée au chef, ainsi que les trente-cinq livres de rassade, afin qu’il pût se donner quelques douceurs, telles que de la volaille et des œufs, voire une chèvre de temps en temps.

Ce compte une fois établi, je me fis représenter l’actif de la caravane. Déballer, peser et réempaqueter, ce fut l’affaire d’une heure ; après quoi le chiffre des pertes causées à l’Expédition par

  1. C’était la maladie de Bright, résultat d’une vie débauchée.
  2. La Koubaba, unité de mesure employée ici pour le grain, pèse d’une livre et quart à une livre et demie. Toutefois rien de plus arbitraire ; elle se divise en grande et petite koubaba, et généralement est représentée par une gourde, dont la capacité est loin d’être fixe. (Note du traducteur.)