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quartzeux, rouge et fertile, dont la substance perméable se laissait délayer, et qui, entraînée par le courant, allait enrichir les terrains inférieurs. En d’autres endroits, l’eau bondissait de rocher en rocher, sur des blocs de quartz et de granit, et par ses grondements emplissait le ravin d’un tonnerre en miniature.

Le 9, après une succession de montées et de descentes, qui, de la croupe d’un mont, nous faisait passer à des profondeurs crépusculaires, nous retrouvâmes brusquement la Moukondokoua (notre Grande-Makata) dans une étroite vallée couverte de roseaux et de buissons épineux. Parmi les broussailles le tamaris luttait contre d’énormes convolvulus, dont les replis l’étreignaient avec tant de force qu’il ne semblait vivre que pour être leur support.

D’une largeur d’un mille au maximum, cette vallée, qui n’offrait par endroit que le quart de cette étendue, suivait toutes les inflexions de la rivière, et déroulait ses courbes, aussi variées que celles d’un serpent, entre des flancs à pic, revêtus de mimosas, d’acacias et de tamaris.

Peu de temps après nous atteignions la route que Burton et Speke ont suivie en 1857, et nous la croisions entre Mboumi et Kadétamaré[1] ; ce dernier point doit être appelé Misonghi, Kadétatamaré n’étant que le nom d’un chef[2]. Nous longeâmes pendant une heure la rive gauche de la Moukondokoua, route onduleuse, qui nous fit aller au sud-est, à l’ouest, au nord et au nord-est, pour arriver à l’endroit où l’on passe la rivière.

Une demi-heure de marche, à partir du gué, nous conduisit à Kiora, sale bourgade, pavée de crottes de chèvre, ayant un nombre extraordinaire d’enfants pour un hameau de vingt maisons, un soleil qui l’inondait avec une furie de cinquante-trois degrés, et des légions de mouches et de tous les insectes connus et inconnus.

Je devais retrouver là, ainsi qu’on me l’avait annoncé, ma troisième bande qui, sous la conduite de Farquhar, était partie de Bagamoyo si bien équipée, si largement pourvue de toutes choses.

Pendant ma dyssenterie, j’avais prié Shaw d’écrire à Farquhar pour lui demander des nouvelles de sa caravane, qui, d’après les

  1. Voir Burton, Voyage aux Grande lacs, page 169.
  2. En Afrique il en est souvent ainsi ; rien de moins stable que les routes et les villages, rien de plus vague que les appellations. Tantôt c’est le territoire qui désigne la bourgade, souvent des hameaux épars ; tantôt c’est le chef qui donne son nom à sa résidence, ou qui prend celui de l’endroit qu’il habite, comme on l’a vu pour Kisabengo et pour sa fille. (Note du traducteur.)