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enceinte qui renfermait un espace de huit cents mètres carrés, était percée de quatre ouvertures, regardant les quatre points cardinaux, et situées à égale distance des tours. D’énormes portes, en bois de tek du pays, fermaient ces ouvertures ; elles étaient couvertes des arabesques les plus fines et les plus compliquées.

J’en augurai d’abord que ces portes étaient venues de Zanzibar, d’où on les avait envoyées en détail ; mais comme les grandes maisons de la ville en avaient d’analogues, il est possible qu’elles étaient été faites et ciselées par des artistes indigènes.

Pareille aux maisons de la côte, la demeure royale était un long bâtiment carré, avec une grande toiture à pente rapide, dépassant de beaucoup la muraille, et abritant une véranda.

Ce palais était alors celui d’une sultane, la fille d’un nommé Kisabengo, célèbre chasseur d’hommes, qui fut la terreur de six provinces. D’une humble origine, mais doué d’une force remarquable, d’une parole éloquente, d’un esprit souple et amusant, ce Théodoros au petit pied acquit aisément de l’influence sur les esclaves marrons qui le reconnurent pour chef. La justice s’en mêla ; Kisabengo prit la fuite, et arriva dans l’Oukami ; province qui, à cette époque, s’étendait de l’Oukouéré à l’Ousagara. Le bandit commença alors une vie de rapine et de conquête, dont le résultat fut d’obliger les Vouakami à lui céder un immense terrain dans leur superbe vallée. Il sut y choisir le plus admirable site, et fonda sa capitale qu’il appela Simbamouenni, la Cité-Lion, c’est-à-dire la plus forte.

Dans sa vieillesse, l’heureux voleur d’hommes changea son nom pour celui qu’il avait donné à sa ville ; et, en mourant, il voulut que sa fille, à laquelle il laissait le pouvoir, prît également ce nom royal.

Pendant que nous traversions l’eau rapide, qui passe sous les murs de Simbamouenni, les habitants de la ville eurent une belle occasion de contempler le Grand Mousoungou qu’avaient précédé trois de ses caravanes, et dont celles-ci, par une faute impardonnable, avaient vanté la richesse et la puissance. L’occasion fut avidement saisie. Il y eut certes à la fois, sur les deux rives, plus de mille indigènes exhibant tous les genres de regard, avec toutes les nuances que chacun de ces genres peut offrir ; genre impérieux, arrogant, timide, insolent, rusé, ébaubi, furtif, ardent, modeste, effronté et autres.

Les guerriers de la sultane, armés d’une lance et d’un arc, ou d’un mousquet, et pouvant servir de modèles à autant de groupes