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grande hauteur, et le maïs y égale les plus belles récoltes qu’ait jamais données l’Arkansas.

De nombreux cours d’eau qui descendent des montagnes arrosent profondément cette riche vallée dont ils détrempent l’humus, et y répandent une humidité qui fut pour nous la cause de certains ennuis, tels que le mouillage des étoffes, la moisissure du thé, la fonte du sucre, la rouille des outils ; mais le soin qu’on prit de ces objets, dès que nous fûmes arrivés au camp, nous sauva d’une perte considérable.

Il y a entre les manières des Vouaségouhha et celles des Vouadoé, des Vouakami, des Vouakouaré, avec lesquels nous avions été en rapport, une différence qui nous parut sensible. Chez eux, rien de cette politesse que nous avions rencontrée jusque-là ; ce n’était pas, comme ailleurs, une offre courtoise des produits qu’ils désiraient nous vendre, mais une intimation insolente de les acheter au prix qu’ils en réclamaient. Voulait-on marchander, ils répondaient brutalement ; si vous persistiez, ils devenaient furieux et ne ménageaient pas les menaces. Cette conduite, si opposée à celle des Vouakouéré pleins de calme et de douceur, peut se comparer aux emportements des Grecs à tête chaude, mis en regard de la froide réserve des Germains. La nécessité nous obligea d’acheter des vivres à ces gens peu aimables ; nous dirons, à l’honneur du pays, que leur miel avait la saveur particulière à celui du Mont-Hymette.

Le lendemain, en suivant la vallée, nous passâmes sous les murs de Simbamouenni, capitale de l’Ouségouhha. J’étais loin de m’attendre à pareille rencontre. En Perse, dans le Mazandéran, elle ne m’aurait pas étonné ; mais ici elle était complètement imprévue.

Située au pied des montagnes de l’Ourougourou, dans une vallée magnifique, arrosée par deux rivières et par plusieurs ruisseaux limpides, cette ville pouvait avoir près de cinq mille habitants. Ses maisons, au nombre d’un millier, étaient d’architecture indigène, mais du meilleur style, et ses fortifications arabo-persiques réunissaient les avantages des deux genres.

À part dans les grandes cités, je n’ai pas rencontré en Perse, sur un trajet de neuf cent cinquante milles, des fortifications valant mieux que celles de Simbamouenni. Là-bas les murailles sont en pisé, même celles de Kasvin, de Téhéran, d’Ispahan et de Chiraz La ville africaine avait des murs en pierre, défendus aux quatre angles par une tour, également en pierre, et bien construite. L’enceinte, à double rang de meurtrières, pour la mousqueterie,