Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’Oulagalla forme la partie principale du bassin compris entre ces deux chaînes parallèles, bassin qui n’a pas une largeur de plus de dix milles.

L’étape se termina à Mouhalleh ; nous étions alors sur le territoire des Vouaségouhha ; la marche avait eu lieu tout entière dans le bassin d’Oulagalla, entre les deux chaînes qui l’enferment ; à notre gauche celle de l’Ourougourou, à droite les montagnes de l’Ouségouhha et de l’Oudoé.

Après tous les milles que nous avions faits dans la plaine, aux ondulations monotones, ce changement de scène était le bienvenu. Quand nos regards étaient fatigués des bois qui couraient à la rive du sentier, tantôt sur un bord, tantôt sur l’autre, nous les tournions vers la montagne, dont la base nous offrait des arbres étranges, des fleurs aux nuances diverses. Nos yeux remontaient le versant jusqu’au faîte ; notre mémoire prenait note de ses beautés ; et nous en décrivions mentalement les saillies, les retraits, les éperons, les ravins, les profondes déchirures, surtout la forêt d’un vert sombre qui le drapait jusqu’à la cime.

Lorsque la tâche de veiller sur les ballots des ânes, ou sur la marche trop lente des pagazis n’absorbait pas notre attention, nous prenions plaisir à voir les traînées de vapeurs jouer autour des sommets, y former des couronnes floconneuses, des groupes fantastiques, se désunir pour se condenser en large nappe, qui, près de se résoudre en pluie, se dissipait devant un éclat de soleil.

Je retrouvai à Mouhalleh notre quatrième bande avec trois nouveaux malades, dont les yeux avides se tournaient vers moi, « le dispensateur de la médecine. » Des coups de feu avaient salué mon approche ; des épis ne maïs et du riz attendaient que je voulusse bien les accepter ; mais je le dis à Maganga, j’aurais préféré qu’il fût en avance de huit ou dix étapes.

Il y avait là Sélim Ben Raschid qui revenait de l’intérieur avec trois cents dents d’éléphant. Outre la bienvenue qu’il me souhaita et du riz dont il me fit présent, j’eus des nouvelles de Livingstone. Ce bon Arabe l’avait laissé à Oujiji, où pendant quinze jours ils avaient habité les deux huttes voisines. « Il venait d’être fort malade, me dit Ben Raschid en me parlant du docteur, et avait l’air d’un vieillard : la figure défaite et la barbe grise. Son intention, quand il serait rétabli, était de se rendre dans le Manyéma par la voie du Maroungou. »

La vallée de l’Oungérengéri, ainsi que le territoire de Mouhalleh, est d’une fertilité merveilleuse ; le sorgho y atteint sa plus