Page:Stanley - Comment j'ai retrouvé Livingstone, trad Loreau, 1884.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sur les rives de l’Oungérengéri prospèrent le bananier et le mparamousi (taxus elongatus), qui le dépasse de vingt-cinq à trente mètres, et qui, pour la beauté rivalise avec te tchiran de la Perse et le platane d’Abyssinie. Assez droite, assez élégante pour faire le grand mât d’une frégate de première classe, sa tige sans nœud est couronnée d’une large cime au feuillage épais et d’un vert plein de fraîcheur. On voit là des arbres d’une vingtaine d’espèces dont les branches étendues s’enlacent d’une rive à l’autre. Chaque dépression du terrain, ainsi que le bord de l’eau, est encombrée d’herbes et de joncs énormes.

Moussoudi est situé au-dessus du niveau moyen de la vallée, et domine, par conséquent, les villages voisins qui sont au nombre de plus d’une centaine. Il occupe l’extrémité occidentale de l’Oukéréhoué ; de l’autre côté de la rivière, commence le territoire des Vouakami.

Nous fûmes retenus à Moussoudi par la difficulté de réunir la quantité de grain qui nous était nécessaire. Cette pénurie, dans une contrée si fertile et si populeuse, tenait au grand nombre de caravanes qui nous avaient précédés, et qui avaient fait là des approvisionnements considérables.

Le 14 nous passâmes l’Oungérengéri, qui, en cet endroit, est guéable en toute saison, et qui n’avait pas alors plus de vingt mètres de large[1].

Nous fîmes encore un mille dans la vallée, sur un terrain excessivement humide, et couvert de grandes herbes, d’une végétation luxuriante.

Puis la route s’éleva graduellement et traversa un bois composé de mparamousis, de tamariniers, de tamaris et de mimosas de différente espèce. Deux heures de montée nous conduisirent au sommet d’une crête, d’où nous pûmes, en nous retournant, voir jusqu’aux rampes lointaines de Kisémo.

    dâtre, des arbres morts d’un blanc terne, des gommiers dont la tige bleu de ciel est rougie à hauteur d’homme par les couloirs des termites… » Sur la côte, dans les fouilles pratiquées par l’extraction du copal, on trouve un sous-sol rouge à une faible profondeur ; et plus la terre est rouge, disent les Arabes, plus le copal est de belle qualité. À Zanzibar, le sous-sol, formé d’une argile bleue, est parsemé d’une terre ocreuse d’un rouge de sang, à laquelle se mêle une matière fibreuse d’un rouge clair ; c’est dans les terrains de ce genre que se trouve le copal. Nous pourrions multiplier ces exemples, et montrer cette couleur dominante ailleurs que dans le terrain. (Note du traducteur.)

  1. Ici l’Oungérengéri coule au sud jusqu’à l’extrémité de la vallée ; il prend ensuite une direction orientale, direction qu’il conserve jusqu’au village de Kisémo, où il tourne au sud-ouest, pour revenir à l’orient se jeter dans le Kingani.