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MAROUSSIA

« Pour reprendre des forces, la jeune dame s’assit au pied d’un rocher moussu, qui semblait pris comme dans des tenailles énormes entre les grosses racines d’un arbre gigantesque, et y chercha un appui. Bien légère elle était, et cependant si brusquement le rocher céda sous son poids qu’elle tomba à la renverse.

— Bon ! dit l’envoyé, c’était le point de passage des bandits…

— Oui, c’était le passage, la porte mystérieuse. Elle fut si étonnée de sa chute qu’elle demeura quelques minutes sans oser bouger. Où était-elle ? Au-dessus de sa tête s’arrondissait, en forme de voûte, une galerie vert sombre où la lumière ne filtrait qu’en étoiles microscopiques, en rayons fins comme des cheveux, et çà et là de petits points de ciel bleu.

« Revenue de sa surprise, elle se releva, marqua avec une pierre blanche la place de l’entrée invisible, et eut la sagesse de retourner au château pour s’assurer de ce que faisaient son mari et ses compagnons.

« Ils dormaient tous profondément, comme il arrive à qui a fait plus que ses forces. Sur la pointe des pieds, elle alla de porte en porte, poussant sans bruit tous les verrous, fermant tous les volets. C’était une bonne précaution ; elle en prit encore une autre qui n’était pas mauvaise non plus : ce fut de changer vite ses vêtements, qu’elle portait toujours blancs,