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MAROUSSIA.

sa jolie tête s’inclina, et, sans s’en douter, elle se mit à penser, oui, à penser.

Les sujets ne lui manquaient pas.

Elle avait vu tant de choses éclatantes, elle avait vu tant de choses mystérieuses et tant de terribles, et les dernières étaient si désolantes ! Les défenseurs de l’Ukraine, d’abord si glorieux, tout cédant devant eux, puis écrasés, puis dispersés. « Je crois bien, se disait-elle, que mon ami veut tenter un dernier effort. C’est un effort désespéré peut-être ? Mais qu’importe ! il le fera. Doit-on s’arrêter dans le devoir ? » Elle avait senti, pendant cette longue marche forcée, que chacun de leurs pas cachait un péril. Eh bien, après ? Son grand ami et elle, les vrais Ukrainiens, pouvaient-ils survivre à l’Ukraine ? Ne vaut-il pas mieux disparaître avec ce que l’on aime ?

Elle se creusait la tête pour s’expliquer que les hommes, au lieu de s’aimer, ce qui lui paraissait si facile, s’efforçassent de se nuire. Est-ce que mon père cherchait querelle à ses voisins ? « Est-ce qu’il a jamais eu l’idée de vouloir prendre le champ et la maison d’un autre, bien qu’il en trouvât quelques-uns très-beaux et quelques-unes très-jolies ? Pourquoi veut-on nous ravir notre Ukraine ? Elle est féconde, c’est la plus riche terre du monde : est-ce une raison pour en chasser ceux à qui elle appartient ? »

De temps en temps, fatiguée de se poser des questions dont la solution échapperait aux intelligences