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MAROUSSIA

sainte, du côté des martyrs, dans le grand calendrier de Dieu.

— Ainsi, dit Tchetchevik, — notre ataman à nous serait découragé ?

— Il l’est.

— Quels sont ses conseillers ?

— Personne ; il reste seul comme un aigle blessé.

— N’importe, dit le vieux rapsode en redressant sa grande taille, il faut voir tout cela de près. J’irai à tous, à tous ! et, si Dieu me vient en aide, je ferai un faisceau de ces armes éparses. »

Maroussia s’approcha de Knich et, fixant sur lui le plus doux de ses regards :

« J’ai un grand service à te demander, dit-elle.

— Parle, petite. »

Elle lui prit la main. Elle voulait parler, mais de son cœur débordant il ne put d’abord sortir que ceci :

« Tu diras à mon père vénéré… tu diras à ma mère chérie… »

Les larmes bienfaisantes étaient venues, elles coulaient, coulaient silencieusement de ses yeux.

Les deux hommes émus laissaient à son émotion le temps de se calmer.

Enfin, par un effort suprême, elle reprit d’une voix affermie :

« Tu leur diras que, si Maroussia ne doit pas les revoir, c’est qu’elle sera morte, et qu’elle sera morte