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MAROUSSIA

d’œil la riche petite fermière revint vêtue comme une pauvresse. Mais quelle mine fière elle avait encore sous ses guenilles, et que radieux était son regard et quelle joie dans son cœur !

« Ah ! fillette, lui dit Knich, tu as l’air d’une petite princesse déguisée ; il faudrait changer d’yeux aussi. Les yeux de pauvre, où les prendre ?

— La pauvreté me les donnera, dit-elle. Qui sait si nous n’allons pas mourir un peu de faim aussi ? »

Pendant ce temps, la transformation de l’envoyé s’était complétée.

« Quel beau vieillard ! disait Knich. C’est ton grand-père, Maroussia.

— C’est l’ami de l’Ukraine, dit l’enfant. Partons ! »

Elle se voyait déjà à Tchiguirine, mendiant à la porte du palais du grand ataman, et veillant pendant que son ami agirait.

Les deux hommes s’étaient retirés dans un coin. Ils se rendaient compte de l’état des choses. Knich, interrogé, répondait aux questions brèves et laconiques de Tchetchevik.

Ses informations n’étaient pas précisément rassurantes.

« L’opinion est indécise, disait-il ; en somme, la division est partout et nuit à l’effort commun. On ne s’entend pas sur les moyens, encore moins sur les hommes. Les amours-propres sont en jeu. Les femmes valent mieux que nous, en vérité. Tu les trouveras