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UNE RENCONTRE.

d’une autre, répondit quelqu’un qu’on entendait sans le voir, parce qu’il était complétement caché par deux soldats géants. Oui, d’une manière ou d’une autre ; l’essentiel est de mourir de la bonne. Mais qui la connaît, celle-là ? »

Quelques coups de fusil se firent entendre…

Ce bruit de combat chassa en un clin d’œil toute autre pensée, tout autre sentiment. Réflexions à peine ébauchées, raisonnement commencé, opinion à demi exprimée, réplique prête à éclater, tout s’interrompit comme un fil coupé par des ciseaux bien aiguisés ; le détachement tout entier, l’oreille dressée, interrogeait l’horizon comme un seul homme.

Les officiers arrêtèrent leurs chevaux. Chacun donna son avis ; la fusillade recommença avant qu’on fût d’accord.

« C’est de notre côté ! s’écria le jeune officier. Il n’y a pas de doute, c’est de notre côté que l’engagement a commencé. En avant ! ce sont les nôtres qui se battent.

— Holà ! Ivan ! Tu conduiras la voiture jusqu’à la maison de ce Knich et tu arrangeras la chose pour le foin. En avant ! »

Maroussia n’avait pas eu le temps de se remettre ni de rassembler ses idées, que le détachement avait disparu dans un nuage de poussière. Ils s’étaient envolés comme des oiseaux sauvages. Cependant le vieux soldat qui avait causé avec elle et lui avait parlé