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Dieu et la froideur dans la prière viennent du démon, c’est de lui que vient ce froid glacial des âmes. Quant à nous, aimons le Seigneur ardemment, aimons-le autant que doivent l’aimer ses enfants. Donnez-nous cet amour, ô Seigneur, car sans vous, nous ne pouvons rien faire. (Joan. XV, 5.) Vous êtes pour nous tout, et nous, nous ne sommes rien. Vous nous avez appelé du néant à l’existence, et c’est Vous qui nous donnez tout.[1]

— Observe comme règle dans la prière qu’il vaut mieux dire cinq mots qui partent du cœur que d’en dire une infinité qui ne seraient proférés que des lèvres. Si tu remarques que ton cœur est froid, que tu n’es pas disposé à prier, arrête-toi ; dispose ton cœur à prier par une pensée touchante quelconque, par exemple par la pensée de ton iniquité, de ta pauvreté spirituelle, de la misère et de la pauvreté de ton âme, ou en pensant aux immenses et incessants bienfaits dont Dieu te comble et qu’il prodigue à tout le genre humain, mais surtout aux chrétiens : Commence alors ta prière sans te hâter et avec un sentiment sincère. Si tu n’arrives pas à réciter toutes tes prières en un temps donné, ne t’en désole pas, car une seule prière dite lentement et avec ferveur est infiniment plus utile que si tu récitais toutes tes prières, mais vite et sans attention. J’aimerais mieux ne dire dans l’église que cinq paroles dont j’aurais l’intelligence que d’en prononcer dix mille inconnues. (1 Cor. XIV, 19). Sans doute, il serait bon si nous pouvions en priant prononcer dix mille paroles avec ferveur. Le Seigneur tient compte aussi des heures de labeur qui lui sont consacrées et de l’intensité du labeur ; il les pèse, et c’est selon la quantité de paroles sincères dites dans notre prière qu’il nous envoie la quantité de lumière et de chaleur

  1. P. 381.