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dernier, et particulièrement chez ceux qui ont le zèle de la piété. La vie de l’homme — du vrai chrétien — est dans le futur, dans le siècle à venir, c’est là qu’il trouvera toutes les joies et une entière félicité. Ici-bas il est un exilé, un être puni. Ici-bas toute la nature se révolte quelquefois contre lui à cause du péché qui pèse sur lui, sans compter son ennemi perpétuel qui tourne autour de nous comme un lion rugissant cherchant quelqu’un à dévorer. (1 Pet. v, 8.) Par conséquent je ne m’afflige pas de voir la joie et la satisfaction règner partout dans le monde, tandis que je ne les éprouve pas et que je vois la joie et le vaste champ de la liberté que Dieu a donné à ses créatures. J’ai un bourreau qui me tourmente à cause du péché ; ce bourreau ne me quitte pas et ne cesse de me frapper. Mais j’aurai aussi ma part dans la joie, seulement non pas ici, mais dans un autre monde tout différent.[1]


§ II. De l’Incarnation du Verbe éternel.


Le Seigneur par son Incarnation s’est mis en rapport direct avec les hommes. Ô prodige admirable ! Dieu lui-même uni à un corps d’homme, Dieu devenu chair — le Verbe a été fait chair (Joan. i, 14) ! Dieu lui-même a mangé et bu comme nous, a couché dans une crèche, a habité une maison ! Lui, l’Incommensurable aux Cieux ! a marché sur la terre, sur l’eau, dans l’air en allant au Ciel comme disent les Actes des apôtres (i, 10). Il a été cloué à l’arbre de la croix, lui qui par sa seule volonté a suspendu la terre sans appui dans l’espace. (Hymne). — Toute la terre, les eaux et l’air, tout est sanctifié par le Fils de Dieu incarné. C’est pourquoi il garde tant d’affection pour la terre, cette demeure temporaire de l’homme, cette auberge du

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