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mon cœur deviennent vides, sans ressort, sombres et défaillants.[1]

— Le monde visible étant l’œuvre de Dieu, le très-sage Créateur et le Roi de la vie, il est naturel que la vie y surabonde. Partout et en tout règne la vie et la sagesse ; partout éclate l’expression de la pensée dans l’ensemble, comme dans les détails : c’est un vrai livre dans lequel on peut apprendre à connaître Dieu, quoique, il est vrai, avec moins de précision que dans la révélation. Avant que le monde fût créé, Dieu seul existait, Dieu vivant, contenant en soi toute la vie, Dieu infini et sans limites. Lorsque le monde fut appelé du néant à l’existence, Dieu, certes, ne devint pas limité ; la plénitude de la vie et de l’immensité ne le quitta pas, mais elle se fit voir en même temps dans tous les objets de la création, vivants et organiques, dont le nombre est infini et qui tous sont doués de la vie.[2].

— Quand je regarde le monde que Dieu a créé, que vois-je ? Je vois partout une étendue extraordinaire, la splendeur de la vie dans le règne animal, parmi les quadrupèdes, parmi les reptiles, parmi les insectes, les oiseaux, les poissons. Je me demande alors d’où vient l’angoisse et cette voie douloureuse où se meut la vie de l’homme et surtout celle des chrétiens zélés ? Le Seigneur a répandu partout dans l’immensité de l’espace la vie, la satisfaction et la joie. Toutes les créatures, excepté l’homme, glorifient le Créateur par la satisfaction, la vie et une joie pleine d’allégresse. Pourquoi donc cette différence entre moi et la vie qui m’entoure ? Ne suis-je pas une création du même Créateur ? L’explication en est simple. Notre vie est continuellement entravée tantôt par nos péchés, tantôt par notre ennemi commun, le démon, surtout par ce

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