amour du prochain ?… Ô quelle honte pour nous !…
— La charité est patiente, (1 Cor. XIII, 4), c’est-à-dire, elle n’inflige pas au coupable une punition subite, mais elle attend et souffre sa chute, tout en la lui faisant comprendre, et elle le punit seulement après ; au lieu que le propre du mal est de punir à l’instant, de vouer notre adversaire au malheur, de le réduire à toute extrémité. On s’étonne rien qu’à penser jusqu’où va notre méchanceté et à quel point la patience nous fait défaut ! Notre frère s’est rendu coupable : eh bien ! nous ne le plaignons pas, nous ne déplorons pas d’un amour fraternel sa faute, son entraînement, sa folie volontaire, mais nous lui en voulons, nous le méprisons, sans remarquer que c’est nous peut-être, qui en sommes la cause ; que nous-mêmes nous avons été bien des fois pardonnés, grâce à la bonté de ceux qui sont placés au dessus de nous, et que ce n’est qu’à cette bonté que nous devons de nous être relevés de notre chute et corrigés de notre faiblesse ou même de notre vice, ce qui nous a donné la possibilité de redevenir d’honnêtes gens. Si donc nous commettons la même faute ou à peu près la même que notre frère, voudrions-nous être traités comme lui et avec la même rigueur ? En punissant les autres pour leurs fautes ou leurs crimes, n’oublions pas que nous méritons aussi une punition pour nos vices, pour nos passions passées ou actuelles, et que, si nous nous voyons obligés de punir nos inférieurs, nous devons le faire avec amour, avec pitié, en y mettant toute notre patience et non avec ressentiment, avec cruauté, avec précipitation et sans délai. Reprenant avec modestie ceux qui résistent à la vérité, afin qu’ils connaissent la vérité et que, revenant à la sagesse, ils se dégagent des embûches du démon, qui les tient captifs sous sa volonté. (2 Tim. II. 25-26). Ce n’est pas en vain que l’Apôtre nous parle de la patience, de la bonté, comme des premières con-