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13. — sur un ours.

En se ruant, en se roulant sur l’arène sanglante, cet ours s’est ôté le moyen de fuir ; il s’est empêtré dans la glu. Que les brillants épieux rentrent dans leurs gaines ; qu’on cesse de brandir et de lancer les piques ; qu’on chasse et qu’on saisisse la proie dans les airs, si l’on veut employer l’art de l’oiseleur contre les quadrupèdes des forêts.

14. — sur une laie qui mit bas par une blessure.

Dans un de ces exercices sanglants de la chasse que nous offre César, une laie qu’avait percée un léger javelot mit bas un marcassin par l’ouverture môme delà blessure. Cruelle Lucine ! est-ce là mettre bas ? Elle fût morte volontiers percée de bien d’autres traits, pour ouvrir à toute sa portée le chemin de la vie. Qui niera maintenant que Bacchus soit né de la mort de sa mère ? Oui, vous devez croire qu’un Dieu naquit ainsi, puisqu’une bête vient de le faire.

15. — sur le même sujet.

Frappée d’un trait pesant et mortellement blessée, une laie perdit et donna la vie en même temps. Qu’elle fut adroite la main qui lança le fer ! Je croirais que ce fut celle de Lucine. La bête expirante éprouva la double puissance de Diane, par le fait de sa délivrance et par celui de sa mort.

16. — sur le même sujet.

Une laie, près de son terme, mit bas avant le temps et devint mère par une blessure. Le marcassin ne fut pas tué, mais pendant que sa mère mourait, lui courait. Que le hasard est habile !

17. — sur le chasseur carpophorus.

La gloire immense que tu as acquise, ô Méléagre ! en tuant le sanglier de Calydon, n’est qu’une portion bien petite de celle de Carpophorus. Il perça de son épieu un ours qui se précipitait dans l’arène, et le premier de ceux qui furent jamais sous le pôle arctique ; il terrassa un lion d’une taille inconnue jusqu’alors, et dont la défaite aurait illustré la main d’Hercule ; enfin, il étendit mort le plus agile des léopards. Et, après ces victoires, quand il en recevait le prix, il était encore tout dispos.

18. — sur hercule porté au ciel sur un taureau.

Ce taureau qui s’élance de l’arène et monte dans les airs n’est point l’œuvre de l’art, mais de la piété. Un taureau avait porté Europe à travers le liquide empire de son frère, un taureau porte aujourd’hui Hercule dans le ciel. Comparez la fable de Jupiter et celle de César. Le poids était le même pour les deux taureaux ; mais le dernier s’éleva davantage.

19. — sur un éléphant qui adorait césar.

Cet éléphant si pieux et si humble, qui vous adore. César, et qui tout à l’heure était si redoutable au taureau, n’agit point ainsi par ordre, ni parce qu’un maître le lui a enseigné : il sent, croyez-moi, aussi bien que nous, la présence de votre divinité.