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de l’histoire de tous, permettent à chacun de s’absoudre par une action généreuse. Ah ! que la défense de la Reine, que sa liberté soyent l’objet d’une telle émulation, ces Juges qui vont prononcer sur son sort, par leur petit nombre, par leurs fonctions, sont désignés à l’attention de l’Europe, aucun emploi, aucune Puissance étrangère à leur mission solemnelle ne peut effacer en eux le caractère d’assassins ou de libérateur de la Reine, n’étant point revêtus de la représentation nationale, ce sont les cris des tribunes de Paris, ou la voix de leur conscience, qu’ils peuvent appeller le vœu de la France, est-ce à leur terreur qu’ils veulent céder ? Est-ce à la vertu qu’ils sçavent obéir ? Ah ! s’ils donnoient l’exemple de résister aux passions momentanées, comme ils enchaineroient puissamment l’avenir, les chances du hazard seroient fixées en leur faveur, l’estime des hommes, ce bien dont les jouissances se multiplient sous tant de formes, dans tous les tems, dans tous les pays, se placeroit entre eux et le malheur, et cette gloire ils la devroient au mépris d’un péril plus éclatant que redoutable, le Peuple Français, je le crois encore, peut-être ému par le courage et la vertu, le fanatisme des opinions politiques le dénature, mais lorsque des républi-