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Allemands un mouvement national en sacrifiant la fille de Marie Thérése, il n’est pas un Hongrois qui ne vit en vous un ennemi personnel. Ah ! quand ils jurerent à l’illustre mere d’Antoinette de mourir pour la défense de son fils, quand un vœu libre, universel, revêtu de tous les caracteres de souveraineté que vous reconnoissez, lia le Peuple à sa cause, pensez-vous que si le génie de l’histoire leur eût présenté sa fille captive, outragée, immolée, cette Nation n’eût pas répété mille fois le serment de la venger ; vous n’aurez point à combattre les satellites d’un despote, mais les courageux amis d’une malheureuse victime, des soldats enthousiastes à leur tour, invincibles comme les vrais défenseurs d’une liberté généreuse. Peut-être une sombre fureur persuaderoit-elle à quelques-uns que toute la puissance de l’avenir ne pourroit rien diminuer de l’horreur qu’inspire les jours sanglans qui servent d’époque à cette année terrible ; j’ignore s’il existe un terme au-delà duquel de nouveaux événemens ne produisent plus de nouvelles sensations, mais il est certain du moins que la France gouvernée, dominée successivement par tant d’individus divers, ne présente que des régnes momentanés, qui ne chargeant aucun homme du poids