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ACTE I, SCÈNE I.

rure. Peut-être un jour sera-t-elle choisie par l’un de nos rois pour partager son trône. Ma sœur, ne trouble pas les rêves de mon bonheur ! Tu vas voir Semida ; tu l’entendras jouer de la harpe : ainsi jadis David charmoit, par ses accords, Saül furieux. Une femme de Babylone lui a appris une danse nouvelle, qui fait admirer ses pas si légers et si rapides. Ma sœur, prends part à ma joie.

LA SŒUR.

Tu as bien plus de science que moi, ma sœur. Les hommes de la Chaldée, qui ont étudié le cours des astres, t’ont révélé les secrets de leur art. Moi, j’ai vécu toujours seule dans la maison de notre père, et je ne suis venue auprès de toi que quand la mort de ton époux t’a fait souhaiter une compagne fidèle. Mais j’en crois Salomon, qui défend de se livrer aux vanités, de la terre ; et quand le vœu qui pèse sur toi ne m’épouvanteroit pas, je souhaiterois que Semida fût élevée dans la simplicité du cœur.

LA SUNAMITE.

Elle ne la perdra point ; elle restera modeste, et c’est moi qui serai fière. Ah ! que d’années