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ACTE I, SCÈNE I.

recevoir la foule dans sa maison sans y rencontrer le méchant ? Élisée ne t’avoit point fait ces riches dons pour les dissiper dans la fumée des festins, ni pour les prodiguer à ces joueurs d’instrumens étrangers, qui enseignent à ta fille l’art de se faire admirer.

LA SUNAMITE.

Je respecte Élisée, ma sœur, et parmi ses bienfaits tu ne rappelles pas le plus grand de tous. C’est lui qui a demandé pour moi au ciel que je donnasse le jour à Semida.

LA SŒUR.

Tes prières, appuyées par le saint prophète, t’ont fait obtenir la consolation des jours mauvais ; un enfant, une fille qui rafraîchira ton cœur, comme la rosée, quand l’âge le flétrira. Mais as-tu donc oublié le vœu solennel de ton époux ? Quand Semida vint au monde, il promit à Dieu de la consacrer, jusqu’à l’âge de seize ans, au culte des saints autels. Tu es de la tribu de Lévi, et les prêtres ont accepté ton enfant, quand son père l’a présentée au tabernacle. Depuis un an déjà elle devroit vivre au milieu des filles pieuses qui chantent les louanges de L’Éternel, brûler l’encens dans le sanctuaire, filer les vêtemens de lin des sacrifica-