moins digne de ta tendresse que sous ces tristes vêtemens, emblème de sa misère. Sigefroi, l’on t’a dit que je ne t’aimois plus, que j’avois profané tout à la fois et l’amour et l’hyménée, et mon cœur et la Divinité. Sigefroi, tu l’as pu croire ! Souviens-toi du jour de ton départ, de ce désespoir, de ce déchirement que j’éprouvai, quand tu te séparas de moi. Ah ! l’absence ne fait souffrir ainsi qu’une âme fidèle et profonde. Souviens-toi de mon admiration pour tes exploits. Qui jamais aima comme moi tes vertus et tes charmes ? dans quels yeux as-tu jamais vu tant de tendresse, tant de respect ? Dis-moi, mon âme ne répondoit-elle pas tout entière à la tienne ? Te restoit-il un doute, te restoit-il un nuage quand je tendois la main vers toi ? et mes regards n’exprimoient-ils pas la vérité du ciel, la vérité de l’amour ?
Oui, tu m’as aimé ; je le sais.
Sigefroi, je t’aime. Tu as voulu ma mort, celle de mon enfant ! Seule dans l’univers avec lui ; j’ai disputé sa vie aux animaux, à la terre qui refusoit quelquefois de nous nourrir. J’ai été mère avec courage, avec dévouement.