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nous. – Qui vous a sauvée ? est-ce l’infâme que vous m’avez préféré ? est-il auprès de vous ? je n’ai pu l’atteindre. On dit qu’il respire encore : peut-être est-il caché dans ces forêts ?

GENEVIÈVE.

Seigneur, la solitude de ces lieux est profonde. – Revenez à vous, et n’y cherchez que moi. Je ne veux point éviter votre vengeance ; je suis là pour recevoir la mort, ou pour me justifier.

SIGEFROI.

Qu’osez-vous opposer à des preuves sans nombre ?…

GENEVIÈVE.

J’en pourrois donner de plus fortes. Mais si mon époux ne revient à moi que comme un juge, je ne veux pas survivre à ce jour que, pendant dix années, je n’ai cessé de demander au ciel.

SIGEFROI.

Dix années, Geneviève !

GENEVIÈVE.

Oui, tu vois sur mon visage les traces profondes de la douleur. Rappelles-toi Geneviève quand tu l’aimois. Comme elle étoit heureuse ! comme ton amour l’entouroit de toutes les prospérités de la terre ! Eh bien ! elle étoit alors