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GENEVIÈVE DE BRABANT.

SIGEFROI.

Je ne sais pourquoi, mon fils, j’ai cédé à tes désirs. Je fuis les hommes, et la présence des enfans m’inspire un trouble douloureux dont je ne puis triompher. Comment se fait-il qu’aujourd’hui je n’aie pu résister à tes désirs ? il n’y avoit rien dans tes prières qui dût m’entraîner ainsi. Mais mon âme s’attendrissoit d’elle-même, et ta voix disposait de ma volonté.

ADOLPHE.

Mon père, je voudrois bien exercer quelquefois ce pouvoir sur vous ; j’essaierois de vous arracher à votre tristesse. Ah ! si ma mère vivoit encore, nous ne serions pas si malheureux !

SIGEFROI.

Ta mère ! d’où vient que tu la nommes ? je t’avois défendu de m’en parler.

ADOLPHE.

Pardon, mon père, si je renouvelle ainsi votre peine ; mais la petite fille que j’ai rencontrée m’a peint si vivement le bonheur d’avoir une mère, que je n’ai pu m’empêcher de pleurer la mienne avec vous.

SIGEFROI.

Avec moi ! qui t’a dit que je la regrette ?