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L’ERMITE.

Ne vous aveuglez-vous point, Madame ? n’est-ce pas le trouble de votre imagination que vous prenez pour un présage ?

GENEVIÈVE.

Non, non. Pendant dix années j’ai éprouvé cette ferveur religieuse qui nous unit plus intimement avec les secrets de la nature. La volonté suprême de la Divinité se fait sentir à moi par des rapports inconnus aux âmes que remplissent les intérêts de la terre. Mon père, prêtez-moi, pour quelques instans, le voile dont vous couvrez les saintes images qui sont au fond de votre cellule : je veux parler à mon époux sans qu’il puisse me reconnoître… Dieu ! qu’est-ce que j’aperçois ? un enfant qui s’approche. Oui, je le vois ; oui, je le sens, c’est mon fils ! et je ne puis voler vers lui. Il faut me cacher à ses yeux ; il le faut. (Elle se retire dans l’ermitage.)


Scène II.

ADOLPHE et SIGEFROI.
ADOLPHE.

Mon père, venez par ici : c’est dans ce même lieu que j’ai vu cet enfant si joli que je voulois vous montrer.