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GENEVIÈVE DE BRABANT.

L’ENFANT.

La guerre ! n’est-ce pas tuer les hommes, comme vous vouliez tuer ma biche ?

ADOLPHE.

Oui. Mais les hommes peuvent se défendre.

L’ENFANT.

Ma biche ne le pouvoit pas.

ADOLPHE.

Chère petite, il faut que je vous quitte. Je vais retrouver mon père, car je suis sûr qu’il est inquiet de mon absence. Il est triste, il a besoin de moi.

L’ENFANT.

D’où naît sa tristesse ? Vit-il aussi dans le désert ?

ADOLPHE.

Non. Il est entouré d’une cour nombreuse, mais il y vit plus solitaire que vous ne l’êtes dans vos bois. Moi seul, quelquefois, je le fais sourire ; mais quelquefois aussi il me repousse loin de lui. Ô mon Dieu ! qu’il est malheureux !

L’ENFANT.

Amenez-le près de ma mère. Toujours, quand je pleurois, elle savoit me consoler. Peut-être sa douce voix feroit-elle du bien à votre père.