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GENEVIÈVE.

Mon père, dites plutôt que c’est ainsi que j’aime. Ah, mon Dieu ! faites que je retrouve Sigefroi ; qu’il serre sa fille dans ses bras, et que la mort vienne ensuite m’affranchir des amours terrestres. Le plus pur de tous trouble encore le cœur où Dieu seul doit régner.

(On entend des cors de chasse dans l’éloignement.)

Mais qu’est-ce que j’entends ? d’où viennent ces sons enchanteurs ?

L’ENFANT.

Ah ! ma mère, quel bruit harmonieux me réveille ! comme le cœur me bat ! cela ne ressemble pas au chant des oiseaux. Dis-moi, ces sons annoncent-ils l’approche des pays où nous allons ? Ah, qu’ils doivent être beaux !

L’ERMITE.

C’est sans doute la musique d’une chasse qui se fait entendre. Jamais, avant ce jour, les chasseurs n’étoient arrivés jusqu’ici.

GENEVIÈVE.

Mon père, souffrez que votre ermitage me serve d’asile. Je crains de m’offrir aux regards des hommes ; mon humble vêtement attireroit leur dédaigneuse pitié.