Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
GENEVIÈVE DE BRABANT.

m’a servi d’appui, quand j’ignorois qu’elle renfermoit les restes de mon fatal ennemi ; que cette tombe, loin de m’inspirer des sentimens de haine, reçoive encore des pleurs d’indulgence et de pitié !

L’ERMITE.

Quoi, madame, c’est vous ! quoi, vous avez pu vous dérober à la mort ! Comment se peut-il ?

GENEVIÈVE.

Ma fille s’est endormie au pied de cet arbre. Je puis vous parler, sans craindre qu’elle entende des secrets que je ne dois pas encore lui révéler. Écoutez-moi, saint homme, vous qui savez sans doute une partie de mon histoire, vous verrez si Golo vous a dit la vérité.

L’ERMITE.

Je le crois, madame, car il m’a pénétré de respect pour vos vertus.

GENEVIÈVE.

Vous m’appeliez ma fille ; pourquoi donc, mon père, avez-vous changé de langage ?

L’ERMITE.

La comtesse de Brabant est ma souveraine : bien que j’habite depuis long-temps cette fo-