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GENEVIÈVE DE BRABANT.

plus nécessaires encore que ceux que vous m’offrez. N’êtes-vous pas un ministre du Dieu vivant ? et si le pauvre, si l’infortuné vient à vous, n’êtes-vous pas l’interprète de cette religion consolante qui seule nous offre les promesses infaillibles, celles que la mort nous tiendra ?

L’ERMITE.

Oui, ma fille, j’ai fait vœu de consacrer mes jours à l’éternité. Je ne me sentois pas assez de vertus pour résister aux séductions du monde. Je suis venu dans cette solitude, non pour fuir mes semblables, mais pour me recueillir en moi-même. Aurois-je entendu la voix de Dieu, au milieu du tumulte des villes ! Cette voix n’est pas dans le bruit, n’est pas dans la tempête ; elle parle si doucement au cœur, qu’aisément les passions peuvent couvrir ses paisibles accens.

GENEVIÈVE.

Vous avez choisi le genre de vie que le sort m’a imposé. Vos sacrifices sont plus touchans que mes malheurs. Mais, dites-moi, saint homme, connoissez-vous l’infortuné qui a fait graver sur cette tombe de si terribles paroles ?

L’ERMITE.

Oui, je l’ai connu, le malheureux, et je n’ai