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noncer ! heureuse dans ce désert ! Ainsi donc ma vie n’a pas été inutile. J’ai souffert, mais j’ai préservé mon enfant de la douleur et de l’abandon. O saint amour de mère, qui soutenez dans les revers, qui consolez dans l’injustice, qui créez au fond du cœur, je ne sais quel sanctuaire où l’on ne sent, où l’on n’aime que son enfant et son Dieu, prêtez-moi votre appui ; il m’est plus nécessaire que jamais. Va, ma fille, va donner à ta biche les soins accoutumés, et reviens ensuite auprès de moi. J’ai besoin de me recueillir quelques instans avant notre départ.


Scène II.

GENEVIÈVE, seule.

Hélas ! sans cet enfant je resterois ici toute ma vie. Quel effroi j’éprouve en retournant au milieu des hommes ! Ah ! comme l’amour et la haine se sont armés contre moi ! Barbare Golo, devois-tu déshonorer mon nom, parce que je ne partageois pas tes indignes sentimens, parce que j’étois fidèle à cet injuste époux que tu as su tromper avec tant de perfidie ? Et toi, Sigefroi, toi que j’ai tant aimé, le ciel t’a-t-il conservé la vie ? Ces souvenirs si