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GENEVIÈVE DE BRABANT.

L’ENFANT.

Ah ! si je pouvois tout emporter avec moi ! D’abord nous emmènerons notre biche fidèle, n’est-il pas vrai, ma mère ? je ne saurois la quitter.

GENEVIÈVE.

J’y consens. Mais pourra-t-elle aller aussi loin que nous ?

L’ENFANT.

Ah ! ma biche va plus vite que moi. Avant la fin du jour elle arriveroit au bout du monde.

GENEVIÈVE.

Ma fille, il est bien grand pour qui n’a plus d’asile.

L’ENFANT.

Mais n’est-ce pas à la forêt que je vois d’ici, que nous allons ? n’est-ce pas derrière cette forêt qu’est le monde ?

GENEVIÈVE.

Dis-moi, mon enfant, quitteras-tu sans peine cette grotte qui nous a servi d’abri si longtemps ?

L’ENFANT.

Oh oui, je la regretterai. J’y ai été si heureuse !

GENEVIÈVE.

Quelle douce parole tu viens de me pro-