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PHAON.

C’est toi-même que tu vas adorer, sous les traits de la déesse.

CLÉONE.

Toutes les femmes de la Grèce ont reçu de Vénus quelques dons : Apollon n’en a préféré qu’une seule. Adieu, Phaon. Sapho s’approche ; dérobez-vous à ses regards. Ah ciel ! je n’ai point encore la force de lui parler.


Scène III.


DIOTIME et SAPHO.
SAPHO.

Quoi ! c’est aux yeux de toute la Grèce que j’ai trahi mon désespoir ! Ah ! Diotime, deviez-vous m’exposer à cet affront ? Peut-être que, parmi ceux qui m’écoutoient, il en est qui raconteront ma honte à Phaon ; peut-être il en est qui se plairont à faire de ce jour un trophée pour ma rivale.

DIOTIME.

Eh ! qui la connoît, cette rivale ? qui pourroit t’humilier devant elle ? Jamais, Sapho, jamais ta gloire ne peut t’abandonner. La