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SOPHIE.

Il faut convenir que ma cousine est docile ; mais jamais vous n’auriez avec elle ce plaisir que vous appréciez sans doute au-dessus de tous les autres, celui de s’entendre et de se répondre, de se communiquer ses sentimens et ses pensées.

LE COMTE.

Je renonce à ce plaisir-là plus facilement que vous ne croyez : ce qu’il me faut avant tout, c’est être compris. D’ailleurs, je ne suis pas exigeant ; je n’ai pas besoin que les autres me parlent de leurs affaires ; je respecte leurs secrets.

SOPHIE.

L’indifférence sert beaucoup dans ce cas à la discrétion. Enfin, monsieur, je vois que ma cousine vous convient mieux que moi sous tous les rapports. Je me suis déjà aperçue depuis long-temps que mon oncle désiroit vous avoir pour gendre ; mais ne m’obligez pas à vous faire connoître dans ma propre maison celle que vous me préférez.

LE COMTE.

Chère Sophie, je suis touché de votre peine, et je la conçois ; mais le peintre allemand vous