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FRÉDÉRIC.

Mais la dame angloise, qui écoute si bien ! qui regarde si bien !

LE COMTE.

Ah ! c’est vrai, il n’est point de femme dont l’entretien, je veux dire dont le silence, ait plus de grâce. Faites comme vous l’entendrez ; je veux qu’un galant homme comme vous soit content de moi. — Écoutez, il me semble que les yeux ne sont pas bien dans…

FRÉDÉRIC.

Dans le portrait de mademoiselle Sophie ?

LE COMTE.

Non, dans le mien. — Mais ne les corrigez pas d’après moi aujourd’hui ; je suis abattu, je me sens triste. Il me fâche de ne pas faire un mariage d’inclination ; ce n’est pas assurément que je voulusse qu’il ne fût pas de convenance ; mais il seroit doux de tout réunir. Vous croyez qu’il n’y a que vous autres Allemands de mélancoliques ; mais nous aussi, nous avons des momens de rêverie. Par exemple, saisissez celui-ci pour mon portrait, ce regard perdu ; c’est bien, n’est-ce pas ? Adieu.