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LE COMTE.

Parions, Monsieur, que vous lisez beaucoup de romans ; enfin, parions.

FRÉDÉRIC.

Oui, sans doute, Monsieur ; mais il ne me semble pas pourtant qu’il y ait rien de bien exalté dans ce que je viens de vous dire.

LE COMTE.

Tout ce qui n’est pas dans les bornes de la raison est du roman.

FRÉDÉRIC.

Et où placez-vous les bornes de la raison ?

LE COMTE.

Dans l’usage du monde. Il est convenable qu’un homme comme moi épouse une fille riche, d’une naissance moins illustre que la sienne. Si cela n’étoit pas convenable, je vous assure que je vous céderois bien volontiers mademoiselle Sophie.

FRÉDÉRIC.

Je désirerois, Monsieur, que vous voulussiez bien ne pas me parler de ce qui me touche.

LE COMTE.

Et pourquoi pas ? je parle bien de moi, moi-même.