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ment, je ne l’ai pas fort écouté ; j’étois très-empressé de raconter Paris que je venois de quitter, et dont chacun étoit curieux ; et j’ai pensé que j’aurois toujours le temps de causer avec M. de Voltaire.

M. DE LA MORLIÈRE.

Cependant il part demain, à ce qu’on dit.

LE COMTE.

Ah ! j’en suis fâché ; mais il se fait souvent imprimer : ainsi je suis toujours à portée de le lire quand je voudrai ; il n’y a que ceux qui ne font que parler dont il ne faille rien perdre. Ceux qui écrivent, on est toujours à temps de connoître leur esprit.

M. DE LA MORLIÈRE.

Et comment trouvez-vous celui de ma fille ? dites-le moi naturellement.

LE COMTE.

Vous le voulez, je répondrai avec une extrême franchise ; c’est mon genre, et comme il a réussi, je n’ai pas songé aux inconvénients qu’il peut avoir. Elle est fort spirituelle, Sophie, fort spirituelle ; mais elle se met trop en avant ; elle fait un peu trop de bruit dans une chambre.