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ACTE II, SCÈNE I.

une voix secrète se fait entendre au dedans de moi, me pénètre et me conduit ; et jamais, jusqu’à ce jour, je ne lui ai désobéi. L’homme n’est point fort de sa force, et c’est l’appui de l’Éternel qui fait une colonne du roseau. Élie, le terrible Élie, commandoit aux élémens, marchoit d’un pas sûr à travers les vagues de la mer, et la terre effrayée se taisoit devant lui. Il m’a soutenu par sa divine amitié ; il m’a donné la main quand je chancelois sur les flots, et son manteau sacré couvre encore mes foiblesses aux yeux du Tout-Puissant.

GUEHAZI.

Mon père, Élie vit-il encore ? Je t’entends l’invoquer souvent, depuis qu’il a quitté la terre : te répond-il ?

ÉLISÉE.

Mon fils, il n’est point accordé aux hommes de savoir si les justes échappent au tombeau et sont admis dans le ciel. Le peuple d’Israël, si souvent enclin à l’idolâtrie, ne s’inquiète que de la terre, et ne demande à son Dieu que des vignes fécondes, des moissons abondantes et de longs jours ici-bas, passés dans les plaisirs.

GUEHAZI.

Ah ! si la Sunamite perdoit son unique en-