Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.
85
ACTE I, SCÈNE II.

nisse d’Endor, celle qui évoqua l’ombre de Samuel en présence de Saül, disoit que de toutes les visions, la plus funeste c’est quand notre propre figure nous apparoît ? Ma sœur, je t’en prie, renvoie la fête, et jette ces roses ; tu détourneras peut-être ainsi le malheur qui te menace !

LA SUNAMITE.

Comment ton esprit peut-il s’occuper de pareilles chimères ? es-tu donc encore dans les ténèbres de l’ignorance, pour que de semblables pensées s’offrent à toi ?

LA SŒUR.

Un cœur timide devine mieux le mystère qu’un esprit présomptueux. Qu’y a-t-il donc de si clair ici-bas que l’homme puisse expliquer ? l’obscurité couvre même les cieux ; ils en sont revêtus comme d’un habit de deuil ; et toi, ma sœur, tu crois tout voir et tout comprendre.

LA SUNAMITE.

Regarde, Semida, comme elle est charmante au milieu de ces fleurs, comme une fête lui sied bien ! déjà le nuage qui voiloit ses regards se dissipe. Cher enfant, la salle te paroît-elle bien ornée ?