Page:Staël - Œuvres inédites, II.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.
83
ACTE I, SCÈNE II.

SEMIDA.

Pardonne-moi, ma mère ; je ne l’ai pu.

LA SUNAMITE.

Tes yeux se remplissent de larmes. D’où vient donc cet air sombre, quand des succès si brillans te sont préparés ?

SEMIDA.

Ma mère, je n’ose te le dire ; tu me trouveras trop enfant, et tu auras raison, sans doute.

LA SUNAMITE.

Ma fille, tu ne m’as jamais laissé ignorer ce qui se passoit dans ton âme.

SEMIDA.

Jamais.

LA SUNAMITE.

Eh bien ! t’en es-tu mal trouvée ? n’as-tu pas été heureuse jusqu’à ce jour ?

SEMIDA.

Sans doute, j’ai été heureuse, puisque tu m’as aimée : c’est par toi, c’est pour toi que j’ai connu la vie, et je n’ai rien éprouvé que ton cœur ne m’ait fait sentir. Néanmoins, ce matin j’étois seule, et…

LA SUNAMITE.

Achève, mon enfant.