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qu’il avait ressentie l’avait tout de suite apprivoisé et rempli de bon vouloir. Puis il reprit le chemin de la cabane.

Pierre ne manqua pas en effet d’obéir aux injonctions de Heidi, et chaque soir il venait étudier avec ardeur les lettres de l’alphabet en se pénétrant du contenu des sentences. Souvent aussi le grand-père était présent à la leçon et écoutait d’un air satisfait, en fumant sa pipe, tandis que les coins de sa bouche remuaient parfois comme s’il était pris d’une gaieté subite. Puis, quand Pierre s’était bien évertué à épeler, il l’engageait le plus souvent à rester et à prendre part au souper, ce qui le dédommageait amplement des frayeurs causées par les menaces du livre.

Ainsi s’écoulaient les jours d’hiver. Pierre venait régulièrement et faisait de véritables progrès avec ses lettres. Mais les sentences lui donnaient chaque fois bien du mal. Il était enfin arrivé à l’U. Lorsque Heidi lut ces deux vers :

Distingue l’U du V, sinon là-bas,
Tu t’en iras où tu n’aimerais pas.

Pierre marmotta :